Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/07/2019

La malédiction de Raabi de "Moumar Guèye"

la-malediction-de-raabi.jpg

Malédiction de Raabi, est un roman poignant qui constitue une véritable étude psychologique. En effet le romancier raconte avec force détails le destin tragique d’une belle jeune fille dénommée Raabi Fall. Suite à la transgression d’une prédiction, cette ravissante femme connaîtra une existence tumultueuse et douloureuse avant de finir ses jours dans les entrailles de l’océan.

La Malédiction de Raabi est un vrai ouvrage de son époque, où il n’y a ni fiction, ni imagination, car tout ce que l’auteur y raconte relève de faits existants, de maux et problèmes que nous vivons chaque jour. Dès le titre, qui indique par anticipation ce qui va advenir du personnage principal, on sent l’annonce d’une prédiction négative qui incite le lecteur à vouloir découvrir l’ouvrage.

Son auteur, le colonel Moumar Gueye, saint-louisien, a su présenter, avec délicatesse, et de façon transversale tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui comme :

La polygamie, le viol, l'excision, la pédophilie ou encore l'émigration clandestine qui est si brûlante d'actualité !!

Je vous présente ici, un extrait de ce roman.

(pages 80 à 87)

Raabi venait de boucler ses dix ans. Les brimades et les persécutions se poursuivaient sans arrêt avec Tante Dior. C’est dans cette ambiance morose qu’elle fut contrainte de retourner à Niodior, le village de ses grands-parents. Sa mère lui avait toujours parlé d’une grande cérémonie annuelle à laquelle toutes les filles du village âgées de dix ans devaient participer. C’était une exigence dans la tradition sérère. Personne ne lui avait raconté en détail les tenants et les aboutissants de cette cérémonie. A chaque fois qu’elle voulait savoir, on lui répondait invariablement : « Tu le sauras, le moment  venu ».

Nogaye ne voulait pas le dire, mais sa fille, comme toutes les filles de sa génération et de son ethnie, devait subir la terrible épreuve de mutilation génitale : l’excision ! Nogaye, pour avoir été victime de cette pratique barbare, cruelle et inacceptable s’était toujours opposée à voix basse, à l’excision. Elle ne cessait de ruminer, dans le silence, sa profonde désapprobation de cette pratique.

C’est ainsi qu’un matin d’octobre, mois des récoltes et des réjouissances en milieu rural, Nogaye prit le train en compagnie de Raabi pour se rendre à Niodior.

Ta mère Nogaye est de la lignée de Bour Sine Coumba Ndofène. Sache que tu ne dois pas pleurer. Tu ne dois pas gémir. Tu ne dois pas crier. Tu ne vas pas non plus raconter aux autres ce qui va se passer dans cette case d’honneur et de dignité. Si jamais tu révèles leurs secrets, les esprits malins vont se venger sur toi et tes enfants. Inutile de te dire que leur vengeance est toujours terrible.

Raabi, si tu gémis, tu cries, ou tu pleures dans cette case ou en dehors, tu seras la honte et la risée de toute la lignée de Guina Fa Diop. 

Mame Siga, avec la rapidité de l’éclair, pinça mon clitoris, le tira vers elle d’un coup sec et le coupa net avec un instrument plus tranchant qu’une lame de rasoir et plus acéré qu’un scalpel de chirurgien. Je tressautai de douleur, prête à hurler comme un porc qu’on trucide à l’abattoir. Mais Mame Siga plaça prestement et fortement sa main comparable à une pelle sur ma bouche pour étouffer mon cri de douleur, de rage et de désespoir, afin d’appliquer avec l’autre main une pincée de poudre marron sur la plaie béante, saignante et douloureuse à l’endroit où était mon bouton de rose, symbole le plus sensible de mon corps et principal organe d’excitation et d’extase. Cette maudite sorcière venait de m’arracher un organe que je savais très sensible depuis que tante Dior s’évertuait à me palper et à pratiquer des attouchements sur mes parties intimes, sous prétexte de vérifier ma virginité. J’avais l’impression que Mame Siga avait planté une pointe de fer chauffée à blanc dans mon entrejambe. Le geste prémédité et perfide de l’exciseuse fut tellement rapide, tellement précis, qu’au moment où je réalisais ce qui allait m’arriver, le mal était déjà fait, irrémédiable, définitif et irréparable ! Elle avait agi avec la rapidité d’un serpent à sonnettes. Par ce geste fatidique, Mame Siga venait de faire de moi l’une des millions de femmes victimes de mutilations génitales à travers le monde. Quel désastre !

Pendant que la douleur nous tenaillait le corps et nous brisait le cœur, les vieilles femmes se mirent à chanter, à danser et à pousser des youyous stridents que l’écho transportait au-delà de Niodior, Bassoul et Djirnda, avant qu’ils ne meurent là-bas derrière la pointe de Sangomar, comme happés par le génie des eaux. Ces vieilles sorcières étaient loin de mesurer l’ampleur et la gravité des dégâts qu’elles venaient de commettre dans nos corps et dans nos cœurs. Le folklore terminé, Mame Siga, flanquée de ses assistantes, s’adressa à nous en ces termes : « Mes filles !  Maintenant vous êtes de vraies femmes, des femmes pures, des femmes sans taches. Désormais, vous devez vous éloigner des hommes qui ne sont ni père ni frère pour vous. Jusqu’au jour de votre mariage, éloignez-vous des hommes susceptibles de vous désirer. Désormais, vous ne devez plus porter des habits courts, des habits serrés ou des habits transparents. Ne laissez pas les hommes admirer vos cheveux, vos seins, votre corps et vos fesses. Ces parties de votre corps sont des provocateurs. Mettez-les à l’abri des regards concupiscents et indiscrets. Cachez votre corps, mes filles, car le corps d’une femme est sacré. C’est un vrai trésor !!

A partir d’aujourd’hui, vous êtes comme des sœurs de même père et de même mère. Vous devez  être solidaires entre vous dans le bonheur comme dans l’épreuve, pour le meilleur et pour le pire.

Un livre contre les dérives gravissimes de notre société. Un vibrant plaidoyer pour le respect de la femme. Un texte d'engagement très fort contre toutes les blessures, humiliations et injustices faites à la femme.

Ce livre m'a été offert et dédicacé par deux filles, (Jasmine et France) qui m'ont accompagné lors de ce voyage à Saint Louis (Sénégal) en mai 2015.

Leurs dédicaces :

Jasmine; En souvenir de ce merveilleux séjour riche d'humanité et d'amitié.

France; En souvenir d'un séjour partagé à 3 dans un pays que terrelibre nous a permis de découvrir.

Bonne lecture à tous !!

 

Ce blog vous plait ? Alors n'hésitez pas à le faire découvrir !!

Ce roman est un cri de colère contre les dérives gravissimes de notre société. C'est surtout un vibrant plaidoyer pour le respect de la femme. Un texte d'engagement très fort contre toutes les blessures, humilitations et injustices faites à la femme. - See more at: http://www.nei-ceda.com/fr/roman/738-la-malediction-de-raabi.html#sthash.oj7Klrcy.dpuf

Ce roman est un cri de colère contre les dérives gravissimes de notre société. C'est surtout un vibrant plaidoyer pour le respect de la femme. Un texte d'engagement très fort contre toutes les blessures, humilitations et injustices faites à la femme.

- See more at: http://www.nei-ceda.com/fr/roman/738-la-malediction-de-raabi.html#sthash.oj7Klrcy.dpuf

Ce roman est un cri de colère contre les dérives gravissimes de notre société. C'est surtout un vibrant plaidoyer pour le respect de la femme. Un texte d'engagement très fort contre toutes les blessures, humilitations et injustices faites à la femme.

- See more at: http://www.nei-ceda.com/fr/roman/738-la-malediction-de-raabi.html#sthash.oj7Klrcy.dpuf

 

 

09:26 Publié dans Livre | Lien permanent |  Facebook | | | | Pin it!